Chasse à la Baleine en Islande
Drames, intrigues, activités illégales, propagande et politiques… Ce n’est pas le scénario du dernier James Bond mais l’histoire récente de la chasse à la baleine en Islande, aussi incohérente que choquante.
La Commission baleinière internationale (CBI) a interdit la chasse à la baleine en 1985/1986. Mais l’Islande, le Japon et la Norvège n’ont pas respecté ce moratoire et ont maintenu la chasse. Ces pays fixent leurs propres quotas chaque année.
L’Islande a proposé un programme d’étude et de recherche d’une durée de 4 ans, afin de disposer de données précises pour établir un système de quota efficace.
Entre 1986 et 1989, un nombre important de baleines a donc été chassé, avant qu’ils ne se retirent de la CBI de 1992 à 2002. En 2002, ils réintègrent la CBI avec de nombreuses réticences, tout en se relançant dans 5 années de programme de recherches en 2003 et puis à nouveau en 2009, malgré le fait que ce dernier programme fut interrompu suite aux conséquences catastrophiques du tsunami au Japon.
Les baleines de Minke ont été particulièrement touchées par la politique baleinière de l’Islande. Des études suggèrent que la population des baleines de Minke était de 40 000 individus en 2001 et que celle-ci fut réduite de moitié à près 20 000 en 2007. Et pourtant, les baleines de Minke avaient déjà suffisamment d’autres défis environnementaux à relever pour tenter de survivre. Certains pensent même que la chute vertigineuse du nombre de baleines de Minke est attribuable à l’eau plus froide des eaux Arctiques (fonte de la calotte polaire).
L’Institut islandais de recherche marine lui-même (Icelandic Marine Research Institute, MRI) reconnaît son incapacité à évaluer avec certitude le nombre d’individus compte tenu de la complexité de l’analyse de leurs schémas migratoires.
On pourrait remettre en question la manière même dont le MRI estime ces nombres, et quand bien même ces calculs seraient approximatifs, ils démontrent une diminution par deux de la population en 6 ans.
Et pourtant la chasse à la baleine est maintenue !
Le MRI a fixé le quota à 350 baleines de Minke à abattre entre 2014 et 2015. En partant de l’hypothèse que la population a encore diminuée de moitié, comme ce fut déjà le cas de 2001 à 2007, ceci signifie que l’Homme abat chaque année 4% de l’espèce. Et il est encore plus invraisemblable que le quota ait été revu à la hausse de 229 à 350, alors que la population décline continuellement.
Une partie du problème réside également dans la propagande baleinière dont sont victimes les touristes à qui on fait croire que manger de la viande de baleine fait partie de la tradition islandaise et que du coup, ils veulent aussi l’essayer.
Or il est statistiquement démontré que seuls 2% des islandais mangent de la viande de baleine alors qu’une grande partie des touristes veulent goûter à ce qu’ils pensent être une délicatesse locale. 40% des touristes ont goûté de la viande de baleine en 2009 !
Quant aux Rorquals Communs, l’IWC estime que 50 000 d’entre eux vivent dans les eaux entourant l’Islande et les Îles Féroé. Les quotas de pêche établis ces 5 dernières années ont été fixés à 770 rorquals communs. Le quota de l’année 2015 est de 154 Rorquals et de 229 baleines de Minke.
Hvalur HF est la seule compagnie en Islande qui chasse des Rorquals Communs, avec 2 baleiniers et 150 employés. Selon leur CEO, Kristjan Loftsson, les baleines « ne sont qu’un autre poisson dans la mer » et il refuse d’arrêter la chasse de ces espèces menacées.
La chaire du Rorqual Commun est exclusivement exportée vers le Japon et suite à une nette diminution de la demande, une partie de la viande est congelée depuis 2 ans. En désespoir de cause afin de trouver de nouveaux marchés où écouler son surplus de viande, il l’a proposée comme aphrodisiaque, nourriture pour chien et même comme « combustible écologique bio » (pour ce qui est de la graisse de baleine).
Gunnar Begmann Jonsson, propriétaire de Hrefna HF, est le visage de la chasse aux baleines de Minke en Islande, il possède 4 bateaux en Islande qui chassent en indépendants et vendent la viande à Hrefna HF.
Au jour d’aujourd’hui, 800 000 touristes visitent l’Islande chaque année (c’est 2,5 fois la population de l’Islande) et un touriste sur quatre participera à une excursion d’observation des baleines. C’est même une des attractions majeures de l’Islande et c’est aussi avant tout une manière écologique de booster l’économie, surtout qu’il y en aura de moins en moins à observer, compte tenu du nombre de baleines chassées!
Suite à cette prise de conscience, un sanctuaire a été créé cette année dans la région de Reykjavik et est réputé pour l’observation des cétacés. Les pêcheurs avaient déplacés leurs baleiniers tout en maintenant leur abattage à moins de deux miles des bateaux à touristes et de leurs excursions d’observation.
Quand le ministère islandais de la pêche a révoqué la décision de création de sanctuaire, deux mois après qu’elle fut effective, 80% des baleines de Minke abattues l’ont été dans la zone où il y avait auparavant ce sanctuaire.
58% des Islandais pensent que la chasse à la baleine devrait être autorisée à continuer!
TAF était en Islande en 2017, veuillez trouver nos rapports ici: